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Une acoustique exigeante

L’abbatiale de Pontigny a été construite pour accueillir la prière des moines cisterciens. Le plain-chant s’y trouve donc tout naturellement chez lui, comme une grande partie de la musique vocale.

Dans un vaisseau de plus de 100 mètres de long et 20 mètres de haut, largement débarrassé de toute sculpture ou peinture, le moindre son prend vie pendant plus de 7 longues secondes. Peut-être est-ce pour cette raison que les Cisterciens n’admettront que tardivement des instruments dans leurs église.

 

Pontigny fut ainsi l’une des dernières, parmi les principales abbayes de l’Ordre, à s’équiper d’un grand orgue, moins d’une génération avant la Révolution. La tribune convoquait pourtant déjà une foule d’instruments sur ses métopes, preuve de l’intérêt des moines du XVIIIe pour la musique instrumentale.

Comment l’écoutaient-ils, cette musique ? Sans doute depuis leurs stalles, dont le décor ne ressemblait plus guère à celui qu’avaient connu leurs prédécesseurs du Moyen Âge ; sans doute alternée avec leurs chants, qui eux aussi avaient évolué depuis le « grégorien » médiéval ; sans doute avec, dans l’oreille, l’écho de la musique de chambre qu’ils entendait parfois dans les salons du palais abbatial ou qu’ils jouaient sur leurs clavecins.

 

Pour satisfaire les exigences acoustiques, tenir compte du cadre toujours spirituel et faire écho à l’histoire du haut lieu qui l’abrite, c’est donc entre sobriété et flamboyance que l’orgue devra redécouvrir sa place à Pontigny.

 

Jean Luc Benoît

 

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