De Châlons à Pontigny
À L’ORIGINE : SANT-PIERRE-AU-MONT DE CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE
Le 29 décembre 1642, un marché de construction d’un orgue de 14 jeux est passé entre les religieux bénédictins de l’abbaye Saint-Pierre-au-Mont de Châlons-en-Champagne et le facteur d’orgues Chrétien Dognon, de Nancy (Arch. dép. Marne, 4 E 6693).
Le 1er juillet suivant, c’est le marché du buffet qui est passé avec les menuisiers Noël Conreux, originaire du village d’Hurbache (Vosges), et Pierre Prévost, de Verdun (Arch. dép. Marne, 4 E 6694).
Le 26 juillet 1771, les religieux de Saint-Pierre, peu avant de faire démolir leur église qui tombait en ruine, vendent leur grand orgue
« à Messieurs les Bernardins de Chaumont » – en fait, vraisemblablement, à ceux de Pontigny, par l’intermédiaire du facteur Jean Richard, demeurant alors à Chaumont, car il n’y a jamais eu de monastère cistercien dans cette ville (Châlons-en-Champagne, Bibl. mun., ms. 585, fol. 6 v° / p. 8 : mise au net de la chronique de Michel Cochelet [après 1799]).
Quant au positif de Saint-Pierre, il est alors installé dans la sacristie qui sert désormais de chapelle aux moines (Arch. dép. Marne, H 931, état des bâtiments depuis 1771, fol. 287). Le 6 janvier 1793, il est vendu comme bien national à quatre habitants de Châlons (Arch. dép. Marne, 1 L 1384 : vente du mobilier de l’ancienne abbaye Saint-Pierre).
À PONTIGNY AVANT 1771
​ Le 25 juin 1708, un procès-verbal de la Maîtrise des Eaux et Forêts de Sens, relatant une visite des bâtiments de Pontigny, signale que
« il a été fait une tribune neuve pour placer une orgue dont le positif est fait et placé. » (Arch. dép. Yonne, 40 B 84, p. 13).
On rapporte au sujet de l’abbé de Pontigny Joseph Carron que, « estant cellerier, il fit luy meme les portiques qui soutiene l'e jeux d'orge et fit faire ce positife » (Auxerre, Bibl. Mun., ms. 225, p. 127 : histoire de Pontigny attribuée à Dom Edme Robinet [entre 1726 et 1738]).
INSTALLATION À PONTIGNY [1771-1773]
En 1773, le grand corps, provenant vraisemblablement de Châlons, se trouve installé à Pontigny par le maître facteur d'orgues
Jean Richard (né au Chesne-Populeux, dans les Ardennes, vers 1732 ; mort à Langres, le 28 mai 1815). Ce dernier, répondant à des remarques de Dom Bedos sur un premier devis de réparations pour l’orgue de la cathédrale de Sens, défend la qualité de son travail en expliquant :
« Je prouveray facilement au sieur dom Bedos que je ne suis pas un commencent, comme il le prétend, puisque j’ay fait douze grands orgues tant de seize pieds que de huit. Le dernier que je vien de faire finir est celuy de Larivoux, maison de Bernardins à trois lieues de Troyes ; j’en fis un autre l’année dernière à Pontigny où il y a ravallement de pédale en F-ut-fa, et je peux me flatter qu’il est de toute bonté : cela prouve que je ne suis pas un commençant et que j’ay eu plusieures entreprises de préférence aux facteurs de Paris. » (Arch. dép. Yonne, Fonds Leviste, en cours de classement, dossier concernant le grand orgue de Sens, pièce numérotée anciennement N° 10 : second devis de Jean Richard, suivi d’un engagement du 15 mars 1774).
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Jean-Luc Benoit